Jean BEAUVAIS ( 1893-1949) est le dernier d’une fratrie de neuf frères et sœurs, fils de Jean Amédée BEAUVAIS et Valentine JUMELLE.
Valentine Jumelle, épouse Beauvais, la mère de Jean, est la cousine germaine de mon bisaïeul Edgard Jumelle.
Des neuf frères et sœurs, j’en ai bien connu trois dans mon enfance, Louis, Félix et Renée, les considérant même comme des oncles et des tantes. Mon père, quant à lui, les a tous connus et fréquentés, tous sauf, Jean, le plus jeune. Quand mon père naît, en 1911, le cousin est déjà parti « aux Amériques » depuis un an, à peine âgé de 17 ans.
Sur sa fiche de recensement, en 1913, Jean est mentionné « employé de commerce » résidant à New-York, 11 west, 27 sh Street. La fratrie Beauvais, pour une bonne part, a le goût de l’aventure et l’esprit d’entreprendre. L’aîné, Édouard, travaille comme ingénieur dans l’Oural, Alexandre se voit refuser la demande de naturalisation américaine à Chicago où résident également Louis et Renée quand Marie part pour la Nouvelle-Calédonie.
Les registres de l’immigration aux États-Unis (une vraie source) vont nous éclairer sur le parcours de vie de celui qui nous intéresse aujourd’hui. Nous retrouvons en effet sa trace à de multiples reprises sur les registres d’entrée, une à deux fois par an, la première en septembre 1910 où, sur « le Savoie », il débarque à Ellis Island. Les entrées se succèderont, nous en avons déjà retrouvé une douzaine, pendant près de 15 ans. Jean s’est, en effet, fait embaucher sur une compagnie maritime transatlantique et effectue des rotations entre différents ports français ou espagnols et New-York, comme « junior partner » puis « fireman » ; il progresse même dans la hiérarchie en devenant « 1rst fireman ».
Ses frères et sœurs aînés partis comme lui aux États-Unis reviennent un à un en France où ils s’installent et se marient. Jean reste aux Amériques et, avec le temps, le fil se distend et la famille a de moins en moins de nouvelles du petit dernier. Nous sommes alors au début des années 1920. Les liens ne sont pourtant pas tout à fait rompus puisque, dans la famille, « on dit » que Jean est maintenant au Canada, à Montréal au Québec, pour être précis.
Les parents de Jean ont respectivement 80 et 73 ans, et rappelons-le, il les a quittés alors qu’il venait juste d’avoir dix-sept ans. Jean Amédée, le père, s’il a eu neuf enfants, a toujours considéré que c’était à eux de se débrouiller, de faire leur vie, et tous l’ont fait. Brouille avec le père, les parents, entre frères et sœurs, problème lors de la succession, simple volonté de s'affranchir, nous ne le saurons pas. Certains des frères et sœurs, leurs descendants même, ont bien tenté de retrouver la trace de Jean, se rendant au Québec, mais en vain. Fin de l’histoire ! Ou pas…
Les retrouvailles.
Été 2022, nous faisons un voyage touristique et « généalogique » en Alsace où mon épouse et moi-même avons des origines. Nous en profitons pour rendre visite à Didier BEAUVAIS, que nous pensons, comme lui d’ailleurs, être le dernier des descendants de cette lignée à en porter le patronyme. Didier est passionné de généalogie, c’est même le seul ou presque des descendants Beauvais à s’y intéresser sérieusement. Nous faisons connaissance, les échanges vont bon train. Bien sûr, nous parlons de Jean, l’oncle d’Amérique, dont nous ne savons l’un et l’autre finalement pas grand chose. Ça serait chouette de retrouver sa trace, enfin, celle des ses descendants, s’il en a eu.
Sans rien dire à Didier, l’envie me vient de reprendre, avant de nous séparer, des recherches que j’ai déjà conduites pour retrouver d’hypothétiques descendants de Jean Beauvais au Québec. Mais des Beauvais, à Montréal et dans la belle province, il y en a en masse…
J’ai bien trouvé, il y a quelque temps, une certaine Blanche Patenaude qui a épousé un Jean Beauvais. Je ressors mes fiches et, replongeant dans des archives en ligne, je retrouve enfin leur acte de mariage. Jean Beauvais, l’époux, est bien mentionné fils de Jean Amédée et Valentine Jumelle. Nous sommes à Montréal, le 14 avril 1926, Jean et Marie Patenaude ont respectivement 33 et 15 ans. Déjà une première victoire, Jean a peut-être eu des descendants.
J’ai beau fouiller les archives où j’ai trouvé le mariage, je ne trouve rien sur une possible descendance, nous sommes peut-être dans des dates trop rapprochées, je ne connais pas les règles de communication au Québec. Je continue pourtant ma quête et tombe sur le mariage, en 1949, d’un Jean-Guy BEAUVAIS avec Yvette PELLETIER à Sainte-Lucie, Laurentides, Québec. Il pourrait s’agir d’un fils de notre Jean Beauvais, on a le droit de rêver… Poursuivant mes recherches, je trouve de nombreux Beauvais à Saint-Jérôme, dans les Laurentides également. Sur l’annuaire de cette commune, la liste est longue. Comment trouver mon épingle au milieu de cette botte de foin ?
Sans trop y croire, je cherche alors sur Facebook les « Beauvais » à Saint-Jérôme. Le premier à apparaître anime une page Facebook pour la défense de la forêt de sa commune. Alex, c’est son prénom, a une bonne tête, défend une noble cause. Je risque un échange via Messenger et lui explique ma recherche. Contre toute attente, il me répond immédiatement, m’indiquant sa grande méfiance à l’égard de ce genre de message. Normal, j’aurais fait pareil et j’ai été un peu direct dans mon contact, ce dont je le prie de m'excuser ! Il ne ferme toutefois pas la porte et me demande plus de précisions sur mes motivations à cette recherche mais parle d’impatience à lire ma réponse… Tiens… Renseignements que je lui fournis.
Et le lendemain matin Alex me répond, textuellement : « Je viens de me réveiller (décalage horaire 😁). Merci beaucoup de m'avoir envoyé le tableau. Ça confirme ce que ma sœur avait trouvé et je vous confirme à mon tour que vous venez de trouver un descendant de Jean Beauvais. »
BINGO !
Il ajoute même : « Ce que je trouve le plus fascinant, c'est que la semaine dernière, je me disais justement que je trouverais ça génial d'avoir de la famille en France. Et vous communiquez avec moi cette semaine. 😳 ». Le contact est, enfin, rétabli !
L’été suivant, en 2023, c’est Jean BEAUVAIS, le père d’Alex, petit-fils aîné de Jean qui vient en France pour rencontrer son cousin Didier Beauvais. Nous les rejoignons pour passer deux jours ensemble, on se promet de se revoir.
Aujourd'hui, 23 septembre 2024, Jean Beauvais est de retour avec sa compagne, Diane, pour un tour de France qui l’a à nouveau amené en Alsace, chez notre cousin Didier, et aujourd’hui chez nous, à Lille, où nous allons lui faire visiter la région. Nous allons, à l’occasion, lui remettre… un petit présent… Mais chut, je ne vous dis pas quoi, il lit le blog et je veux lui faire la surprise…
Les portraits de l'aïeul partent au Québec.
Le secret peut maintenant être levé, Jean et Diane ont passé quelques jours chez nous et les retrouvailles furent joyeuses.
Certains d'entre vous m'ont dit être impatients de connaitre le petit cadeau fait à Jean. J'ai la chance d'être le dépositaire de nombreuses archives familiales et, notamment, de photographies anciennes. Parmi celles-ci, j'ai retrouvé un tirage original unique de Jean Beauvais, le cousin "disparu" en 1914 et deux tirages originaux du même en 1914, tous les deux tirés dans le même studio "Félix", boulevard des Italiens à paris.
J'ai encadré et offert à Jean le plus grand portrait et lui ai remis, pour ses deux enfants, les deux exemplaires du portrait de 1910 également encadrés. Ainsi, les portraits du cousin sont revenus à ses descendants qui eux même n'en possédaient pas.
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Fabuleuses retrouvailles ! Je n'ai encore jamais osé tenter le contact avec nos « cousins d'Amérique »... Peut-être un jour...