La photo de la semaine est toute nouvelle pour moi, ne l’ayant encore jamais vue avant que ma soeur ne me la donne la semaine passée. Pour mon plus grand plaisir !
Quatre hommes posent, certainement à Dreux (Eure-et-Loir), devant une ébénisterie spécialisée, entre autres, dans la T.S.F (premiers appareils de radio, Transmission-Sans-Fil), mais aussi dans la petite menuiserie, les agencements, les sommiers et les matelas. Deux des quatre ébénistes me sont connus, et pour cause !
Appuyé sur le poteau gauche, mon père André THIREL (1911-1994). Entre 1923 et 1925 il suit les cours de l’école primaire supérieure, annexe du collège de Dreux. C’est à ce moment qu’il choisit son futur métier, ébéniste. M Fromont, installé à Dreux, l’accueille alors comme apprenti. Au recensement de 1931 il réside avec sa mère et sa grand-mère a Aunay-sous-Crécy, où il est mentionné comme ébéniste sans emploi.
Appuyé sur le poteau droit, Maxime BOUCHER (1900-1968), en salopette et coiffé d’une casquette. Si je me souviens bien de Maxime BOUCHER, devenu ami de la famille, et de sa fille, Nicole, plus tard gérante de poissonnerie Polvé rue St Pierre à Dreux, je ne savais pas qu’il avait été ébéniste à son compte. C’est au bénéfice de cette photo, et notamment de la plaque signalétique au-dessus de la porte d’entrée, que j’ai découvert qu’il était installé comme tel et que mon père travaillait chez lui. Maxime Boucher sera plus tard conseiller municipal de Dreux et une rue de la cité durocasse porte son nom.
La datation de la photo est facilitée par l’annonce du film « La Chienne » de Jean Renoir, programmé au « Mélodium - Cinéma » (salle dont je n’avais pas entendu parler à Dreux). Ce film, d’après le roman éponyme de Georges de La Fouchardière, est sorti en 1931 avec dans les rôles titres Janie Marèse et Michel Simon. La photo peut donc être datée entre 1931 et 1932.
Ma soeur se souvient de la réponse de mon père quand elle lui avait demandé comme il avait rencontré notre mère. Cette-dernière a commencé à travailler comme typographe en 1929, à l’Imprimerie Lefebvre-Marnay, grande-rue à Dreux et, à l’époque, elle résidait chez ses parents rue du Bois-Sabot. Le matin donc, pour rejoindre son travail elle passait rue d’orfeuil où, semble-t-il, était installée l’entreprise Boucher. Notre père avait repéré l’heure d’embauche de celle qui deviendra son épouse en 1935 et, au claquement des talons de la jeune « typo » rejoignant sa « casse », il sortait sur le trottoir pour la saluer. S’il prenait la pose qu’il a sur la photo on comprend aisément que la jeunette de seize tomba sous le charme du beau jeune-homme cravaté !
Avec cette indication on peut ainsi, avec une forte probabilité, confirmer le lieu de la prise de vue, rue d’orfeuil à Dreux. Un autre détail sur la facade de l’ébénisterie donne du crédit à cette hypothèse puisqu’en bas de la porte en bois est apposée une affichette indiquant la direction du champ de course, situé sur le plateau nord de Dreux si je ne me trompe pas !
Voilà comment une photo anodine à priori, mais d’une bonne facture dans sa composition, peut vous apporter de nombreux renseignements sur le parcours de ses ancêtres.
À vous, lectrices et lecteurs de Dreux et d’Eure-et-Loir de partir en chasse pour, d’une part, m’aider à identifier le jeune-homme, casquette-lunettes rondes, et l’apprenti sur la droite, mais aussi pour me renseigner sur la dite ébénisterie. Et, tant qu’on y est, peut-être avez-vous des informations sur le « Mélodiuml - Cinéma »…
La photo de la semaine
Le principe de la photo de la semaine est de partager chaque semaine, sous forme de rendez-vous des lecteurs, une photo d'un événement majeur ou de la vie quotidienne de nos ancêtres. Ces photos sont ensuite insérées dans la Galerie
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Que d'informations tirées à partir d'une seule photo ! J'ai beaucoup aimé suivre votre raisonnement, la façon dont vous partez d'éléments certains pour formuler des hypothèses plausibles et identifier d'éventuels nouveaux sujets de recherches.