Julien Leturc et sa seconde épouse, Euphrosine Durand, originaires d’Eure-et-Loir, depuis quatre générations au moins, ont fait profession dans les métiers du textile.
Après avoir travaillé à Saint-Lubin-des-Joncherets, aux Établissements Waddington filatures et tissages de coton, ils quittent la région drouaise pour Ger, dans la Manche, où a lieu leur remariage et où ils trouvent de l’emploi dans leur branche. Ils ont manifestement la bougeotte puisqu’on les retrouve non loin de là, à Vire dans le Calvados, quelque temps plus tard. C’est dans cette ville prospère où, suite à l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine en 1871, des entreprises textiles alsaciennes sont venues s’installer, que naît Henri LETURC, le 26 juillet 1881.
La famille revient à ses sources, en Eure-et-Loir, à Nonancourt exactement, où meurt Julien, à l’âge de 71 ans. Euphrosine, son épouse de 20 ans plus jeune, se retrouve veuve et doit encore travailler pour subvenir à ses besoins. Henri, le benjamin, qui vit avec elle doit rapidement trouver à embaucher et à 13 ans, il commence son parcours dans le textile. Le cadet d’Euphrosine, lui, quitte Nonancourt pour la région rouennaise.
Henri et sa mère songent peu de temps après à rejoindre, eux aussi, la Seine-Inférieure. L'industrie textile s'y développe bien sous l'impulsion du même Richard Waddington, devenu Sénateur et Président de la Chambre de Commerce et d'industrie de Rouen. En 1900 s’érigera, à Oissel, la Manufacture Cotonnière qui entraînera de nouveaux développements de cette industrie.
Henri s'installe à Saint-Étienne-du-Rouvray, où il réside, peu de temps avant que ne décède sa mère. C’est au "bénéfice" d’une condamnation par le Tribunal de Rouen que nous le suivons. Celui-ci a, en effet, été surpris, et dénoncé, alors qu’il comptait fleurette à une jeune-fille de ses connaissances un soir vers 22 h 30. Rien de plus normal à cet âge, pourtant ! Julien et son amie, emportés par la fougue et le désir amoureux, mais pas suffisamment discrets, se font prendre en flagrant délit de « rapports sexuels dans un chemin public » pour reprendre les termes du jugement. Julien est condamné à 25 francs d’amende quand la jeune-fille, absente au procès, écope d’une peine d’emprisonnement de six jours… On ne badine pas avec l’amour ! Enfin, surtout pour la jeune-fille !
Il réside maintenant rue de la République à Oissel avec son frère Alexandre et exerce comme rattacheur dans une fabrique textile. C’est l’année de ses vingt ans et du recensement militaire. Julien mesure 1,61m, dans la moyenne des hommes de sa génération. C’est un assez joli garçon brun aux yeux marron, avec un visage ovale et un menton rond. Il a, signe distinctif, un tatouage sur son bras droit.
À l’époque, le service militaire est de trois ans et son numéro de tirage ne lui permet pas, l’eût-il voulu, d’y échapper. Il est incorporé le 16 novembre 1902 au 119e régiment d’Infanterie, cantonné à la caserne Charras de Courbevoie, où il effectue ses obligations comme « tambour ». Ces derniers sont chargés, dans l'Infanterie, de transmettre les ordres. Ils jouissent d’un grand prestige auprès des populations à tel point que quelques années plus tard, quand l’armée qui se modernise souhaite supprimer cette fonction, elle doit reculer devant la pression populaire. Mais revenons-en à Henri.
Durant ses 36 mois de service, Henri profite des quelques jours de permission accordés aux conscrits depuis 1890. C’est sûrement à cette occasion qu’il se rapproche de Mary Eléonore JEANFRANCOIS. Mary est l’aînée d’une famille nombreuse de huit enfants, ses parents Jean-Baptiste Jeanfrançois et Marie Delphine Duteurtre, exercent tous les deux comme cordiers et résident à Oissel.
Henri et Mary se fréquentent et, naturellement, la jeune-fille se retrouve rapidement enceinte. Le 22 mars 1904, alors qu’Henri est dans son casernement, elle met au monde, au domicile de ses parents, une fille à laquelle elle donne les prénoms de Marie, Juliette, Ernestine.
Libéré de ses obligations militaires en septembre de la même année, Henri régularise la situation en épousant Mary à Oissel le 25 novembre suivant. Au cours de la cérémonie de mariage, il reconnaît l’enfant, la légitime et lui donne son patronyme. Avec Eléonore ils travaillent désormais tous deux dans le textile, à la Manufacture Cotonnière d’Oissel, principale fabrique de la commune. Sur l’acte de mariage, il est indiqué qu’ils résidaient, jusqu’alors, dans deux cités contiguës, lui Cité Leverdier et elle Cité des Gaures.
Le Récit-de-vie
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