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Photo du rédacteurAlain THIREL-DAILLY

Récit de vie : Armand Klein (5) : deux amitiés pour la vie

Armand et Élisa sont parents d’un petit Louis, objet de toutes leurs attentions. Tous deux exercent comme brocheurs, certainement dans la même entreprise.

Bien que revenu à la vie civile après la guerre de 1870-71, le « citoyen-soldat » Armand Klein - selon la terminologie de l'époque - a été versé dans la réserve de l’Armée d’active au début 1873 et se trouve convoqué par décision ministérielle pour effectuer une période de réserve. C’est à Dreux qu’il doit se présenter le 3 septembre 1875, où stationne le 124e Régiment d’Infanterie auquel il est affecté. Dreux n’est pas loin de Paris, et c’est en train qu’il se rend à l’appel.

Armand, durant cette période qui doit durer un mois, ne rentrera pas à Paris. La séparation ne devrait pas être trop longue et, après le traumatisme de la défaite de 1871, on assume son devoir de citoyen sans rechigner pour défendre la patrie. Armand écrira à son épouse et celle-ci lui donnera des nouvelles de leur fils.

La rencontre d’Émile Martin...

Durant son séjour, Armand rencontre un Drouais avec qui il se lie très vite d’amitié. Émile Martin, c’est son nom, est de la classe 1867 comme Armand. Au départ, on peut penser qu’ils sont tous deux mobilisés dans la réserve d’active. Mais tel n’est pas le cas puisqu'Émile Martin a tiré le bon numéro au tirage au sort et n'a pas effectué son service militaire ; et maintenant il est déjà père de deux enfants. C’est donc sûrement dans un café qu’ils se rencontrent, peut-être même dans celui des parents d’Émile aux Bas Buissons, proche du lieu de casernement.

Qu’est-ce qui peut bien rapprocher ces deux hommes, dont l’un qui vit « à la capitale » et l’autre dans un « hameau » de Dreux ? Émile, ouvrier maçon et son épouse Élisa Fessard, couturière, ont déjà deux enfants, Léa, deux ans, et Marcel, cinq mois. Armand, séparé de son épouse et de son jeune fils pour un mois, est certainement touché par l’accueil des Martin dont les enfants lui rappelle le sien. L'ambiance est familiale au café-épicerie Martin.

Un café épicerie à Dreux

La période de réserve dure un mois et on peut penser que cette amitié ne sera que de circonstance, chacun reprenant sa vie au retour d’Armand à Paris. Pourtant, le courant passe tellement entre les deux hommes qu’Émile suggère à Armand d’inviter immédiatement, son épouse à venir, avec leur fils, passer une journée à Dreux. Armand s’empresse d’écrire à son épouse, relayant l’invitation : « Émile et son épouse, une Élisa comme toi, t’accueillerons chez eux, tu coucheras avec elle » lui écrit-il. Élisa, heureuse à l’idée de revoir son époux, accepte et vient le rejoindre en train, avec leur fils Louis qui a tout juste un an. Ils prendront leurs repas sur un coin de table dans le café des Martin, à la bonne franquette. Manifestement, le courant passe aussi entre les deux femmes.

Élisa ne peut rester plus d’une nuit, elle a juste eu le droit de prendre deux journées, à son compte. Le lendemain, elle rejoint la capitale au premier train. Armand, quant à lui, finit sa période avant de pouvoir regagner ses pénates le 30 septembre. Mesure-t-il, en quittant Dreux, l’importance de l’amitié qui vient de se nouer et qui fera florès…

Monniot et Monniot…

Armand, de retour à Paris, rejoint l’atelier de brochage où, avec son épouse, ils travaillent tous les deux. Armand, rappelons-le, à une adresse au 28 rue d’Assas. En compulsant l’annuaire du commerce de Paris de 1875, nous découvrons qu’à cette adresse est installé un atelier de brochage au nom d’un certain Monniot, sans précision du prénom ! On retrouve trace de celui-ci dès 1870. Les choses s’éclairent : Armand, à son retour de la guerre en 1871, a embauché dans cet atelier. Certainement, comme c’est souvent le cas, son employeur lui a proposé un petit logement, dans les locaux de l’entreprise. Il se détache alors de sa mère et fait la rencontre de sa future, Élisa, qui y exerce également.

Annuaire-almanach_du_commerce_de_l'industrie_

Armand, certainement embauché à l’origine comme manutentionnaire, découvre un métier auquel il prend goût. Il apprend vite, prend des initiatives, et commence à être remarqué par son patron. Parmi ses collègues de travail, il se lie avec un certain Eugène qui, comme lui, montre des capacités. L'épouse d’Eugène, Catherine Gosselin, est elle aussi brocheuse dans l’atelier, comme celle d'Armand. Ce dernier sait-il, à cet instant, qu'Eugène n’est autre que... le frère cadet du patron de l’atelier ?

S'il ne le sait pas, il le découvre bien vite et des idées commencent certainement à germer dans les têtes d’Armand Klein et d'Eugène Monniot… Tous les deux savent que la période est favorable et les opportunités de développement dans les métiers du livre réelles. Ils disent que, peut-être, ils pourraient tenter l’aventure de leur côté. Dans un premier temps, ils en parlent librement avec Jules Monniot, leur patron et, surtout, frère d’Eugène qu’ils ne veulent pas mettre devant le fait accompli. Son expérience de création d’atelier pourra leur être utile et certainement ne voit-il pas leur projet d’un mauvais œil.

L’idée se précise et, chacun de leur côté, Armand, 28 ans, et Eugène, 35 ans, en parlent avec leurs épouses respectives. Toutes deux adhèrent au projet ; avec leur connaissance pratique du métier, elles pourraient être d’un grand apport pour les deux hommes si ceux-ci se lançaient...

Armand et Eugène vont-t-ils franchir le pas ?

 
Le Récit-de-vie

Il s'agit, dans un article unique, ou bien dans une suite d'articles, de raconter en la contextualisant, la vie d'un ancêtre, d'un collatéral, d'une famille, voire même d'un village ou d'une paroisse.


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2 Comments

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La vie d'Armand, un feuilleton à la mode du 19e siècle. Bravo et merci Alain.

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Merci beaucoup, Dominique, de ton intérêt maintenu pour ce "feuilleton" et plus largement pour le site. Et bravo pour le tien !

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