Armand Klein et Eugène Monniot viennent, fin 1876, de s’associer en fondant une Société en nom collectif qui exploite un fonds de commerce de brochage. Les enjeux sont lourds et tous les deux savent qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur. Ils vont devoir travailler d’arrache-pied. Retrouvez, si d’aventure vous les aviez manqués, les épisodes précédents du récit de vie d’Armand.
Dès le début de l’activité de l’entreprise, Armand, prévoyant, adhère à la Société municipale de secours mutuels des quartiers de la Monnaie et de Saint-Germain-des-Prés, fondée en 1852 pour, notamment, « donner les soins du médecin et les médicaments aux sociétaires malades ; leur payer une indemnité pendant le temps de leurs maladies ; de pourvoir à leurs funérailles ; de donner aux héritiers ou ayant droit une indemnité mortuaire ». Le coût mensuel est de 2,50 francs. Plus tard, la dite société créera « un fonds de retraite pour les vieillards ». Après cette précaution prise, l’important est de se donner à fond dans l’entreprise, sans compter les heures pour satisfaire la clientèle et gagner de nouveaux marchés.
Le fils d’Armand et Élisa n’est pas encore bien grand, du haut de ses trois ans, mais nous ne doutons pas que, déjà, sa mère se préoccupe de son éducation. N’a-t-elle pas bénéficié, quant à elle, des cours de l’institution Verdier, installée à quelques pas de chez les parents d'Élisa, rue Saint-Jacques. Celui à qui l’Institution doit son nom, juriste de formation, puis médecin est finalement devenu pédagogue fondant l’institution qui existe encore, en cette fin de 19e, dans le quartier de Saint-Germain. Permettez-nous un détour par les principes qui guident les éducateurs de cette école. « L’éducation doit être à la fois naturelle et artificielle, tenant compte de la nature de l’enfant et des fonctions sociales qu’il aura à accomplir. Elle doit être parfaitement homogène et diriger également le corps et l’esprit. Enfin, elle doit être particularisée, c’est-à-dire adaptée à la nature propre de chaque enfant, ce qui suppose la collaboration effective du médecin, de l’instituteur et de l’élève lui-même à son éducation ».
Cette petite digression montre bien la conception de l’éducation à laquelle adhèrent les parents Klein, soucieux de l’avenir, tant intellectuel que professionnel et social de leur enfant. Louis fréquentera donc l’Institution Verdier.
Revenons en à des questions plus terre-à-terre. Si en janvier 1877 Armand, ayant accompli le temps de service exigé dans la réserve de l’armée active, relève maintenant de l’Armée territoriale de Paris, en mai 1878 il doit effectuer une nouvelle période de réserve. Le parcours du citoyen-soldat est long, il en va de la défense du territoire.
Au plan professionnel la collaboration entre Armand et Eugène, associés depuis bientôt deux ans, se passe dans les meilleures conditions possibles et les affaires avancent dans le bon sens. La relation professionnelle s’est maintenant transformée en une relation amicale durable. Ainsi, quand Catherine, l’épouse d’Eugène Monniot accouche de leur premier fils, Alfred, en juin 1878, c’est Armand qui assiste le père pour déclarer l’enfant et qui est choisi comme parrain.
Armand, par contre, n’a pas repris le contact avec son père nourricier, dont nous savons qu’il est maintenant gravement malade. Le 9 mai, il est même admis à l’hôpital Saint-Antoine pour péricardite purulente. Les médecins ne peuvent rien pour lui et il décède dix jours plus tard. Ce sont des employés de l’hôpital qui font la déclaration de décès, mais à son admission à l’hôpital Auguste a dû communiquer les coordonnées d’Armand.
Ce dernier assiste aux obsèques, au cimetière de la Villette, et déménage les affaires et documents, nombreux, accumulés par Auguste à sa dernière adresse, rue des Cascades à Belleville. C’est en grande partie grâce à ces documents, conservés ensuite par Armand, que nous pouvons, aujourd’hui, documenter ces « récits de vie ».
Peu de temps après les amis Émile et Élisa Martin, des Bas-Buissons à Dreux, écrivent aux Klein pour leur annoncer une naissance prochaine. Les deux familles, malgré l’éloignement et leurs occupations respectives ont toujours maintenu les liens et les Martin ont même, à leur tour, rendu visite aux Klein à Paris.
Le 25 août, jour de la Saint-Louis, Emma, Louise, Émilie, fille d’Émile et d’Élisa, vient agrandir la famille Martin. Elle se porte bien et les Martin veulent absolument qu’Armand Klein soit le parrain de la nouvelle-née. Le temps d’organiser le baptême et qu’Armand se rende disponible, Emma reçoit le sacrement du baptême le dimanche 21 septembre en l’église Saint-Pierre de Dreux. Si Élisa Klein ne peut faire le voyage et être la marraine, c’est elle qui, dans le futur, assurera cette mission. Pour l’occasion, en son absence, c’est la sœur aînée du bébé, Léa seulement âgée de six ans qui sera mentionnée à l’acte.
Ce nouvel événement conditionnera, à terme, la vie d’Armand…
Le Récit-de-vie
Il s'agit, dans un article unique, ou bien dans une suite d'articles, de raconter en la contextualisant, la vie d'un ancêtre, d'un collatéral, d'une famille, voire même d'un village ou d'une paroisse.
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Intéressants détails sur une certaine forme d'instruction et sur les secours mutuels de l'époque.
Très intéressant éclairage sur l'éducation au début du XX. Au plan religieux, si on est surpris de voir une marraine à pleine plus âgée que le bébé, aujourd'hui l'âge minimal est 16 ans, c'est assez récent. J'ai moi-même été , je suis toujours, marraine au même âge de ma cousine qui a 6 ans de moins que moi.