top of page

Récit de vie : Armand Klein (9) : La douleur de la perte

Tout se passe pour le mieux pour Armand, son épouse et leur fils, respectivement âgés maintenant de 39, 37 et 12 ans. L’entreprise continue de bien fonctionner et les Klein peuvent maintenant aspirer à prendre un peu plus de bon temps, à profiter un peu de la vie parisienne, même s’ils continuent tous les deux de s’investir avec passion dans leur métier.

Les lois de Jules Ferry, en 1881-1882, qui ont rendu l’école publique obligatoire, gratuite et laïque pour les enfants de 6 à 13 ans, ont libéré une journée dans la semaine pour permettre aux familles qui le souhaitent d’envoyer leurs enfants au catéchisme. La dissociation est maintenant nette entre citoyenneté et croyance. Les parents de Louis, et notamment sa mère dont les convictions et la pratique religieuse sont fortes, l’ont accompagné dans son parcours de formation religieuse et il a suivi la catéchèse à Saint-Sulpice. Le jeudi 20 mai 1886, avec ses camarades de la paroisse, Louis communie pour la première fois. Cette cérémonie est encore considérée, à l’époque, comme un rite de passage, après l’âge de raison vers 7-8 ans, vers l’âge de « discrétion » et de la maturité. C’est aussi l’occasion d’une fête pour l’ensemble de la communauté paroissiale.



L'année scolaire suivante, en 1887-1888, Louis est maintenant en deuxième année du grand collège, à Chaptal, où il répond aux attentes de ses professeurs et aux espérances de ses parents. Las ! Louis tombe malade et, le 17 avril, il décède brutalement au domicile de ses parents, rue des Poitevins. Le choc est immense et le chagrin des parents incommensurable. L’équipe de professeurs et la direction de Chaptal organisent, au collège, une cérémonie d'hommage en la mémoire de Louis.

« Adieu, mon pauvre enfant, au nom de tes parents désolés dont tu étais la joie et l’unique espérance, au nom de tes professeurs, de tes camarades et de tous tes amis ! ». E. Carles, professeur au Collège Chaptal.


Ses parents l’accompagnent à sa dernière demeure, au Père-Lachaise, où ils prennent une concession à perpétuité.

Armand et Élisa, qui ont déjà perdu un enfant à la naissance en 1881, n’envisagent pas de nouvelle grossesse. Le redoublement d’investissement dans le travail est une échappatoire pour le couple. Élisa, qui maîtrise parfaitement son métier, s’est élevée en responsabilité au sein de l’entreprise qui, par ailleurs, devient de plus en plus réputée. C’est ainsi que les Imprimeries Hérissey, fondées en 1842 à Évreux et qui connaîtront le succès que l’on sait, font appel à Monniot et Klein pour venir les conseiller dans ce secteur de la brochure dans lequel ils rencontrent des difficultés et manquent de savoir-faire.

Ce sont Élisa, épouse d’Armand, Amélie Monniot fille d’Eugène et filleule d’Armand, et une troisième collègue, Camille, que les deux associés choisissent pour envoyer en mission à la ville préfecture de l’Eure. Il est intéressant de noter, à cette occasion, la confiance qui est accordée à trois femmes qui se trouvent ainsi être les interlocutrices directes d’un grand patron, M Louis Charles Hérissey. Cette première mission dure une dizaine de jours et Élisa pense qu’il faudra en faudra bien d’autres pour « mettre cela au niveau de Paris » pour reprendre son expression.


Armand écrit à « [sa] bonne petite Élisa » pour prendre de ses nouvelles, connaître l’avancement de la mission et en profite pour lui décrire sa vie quotidienne sans elle. Pour l’occasion, il se vante d’être devenu un cordon-bleu, mais se plaint d’être en permanence dérangé pour un oui pour un non et, notamment par le téléphone (sic), dont est doté l’entreprise. Il annonce à Élisa qu’il viendra à Évreux pour la chercher en train à la fin de la mission et qu'à cette occasion, il en profitera pour s'entretenir avec M Herissey.

Sa lettre, emprunte d'humanité, nous renseigne, au-delà de l'homme public, sur Armand Klein dans l'intimité : "J'oubliais de vous dire que les petits oiseaux vont bien, mais je leur cause et ils ne me répondent pas". Enfin, il imagine qu'Élisa aura peut-être envie de faire le détour par Dreux pour voir les Martin et lui en demande confirmation, pour organiser son voyage.


Élisa, enfin, « s’unit » par la pensée à Louis pour sa visite hebdomadaire au Père-Lachaise, sur la tombe de leur enfant.

 
Le Récit-de-vie

Il s'agit, dans un article unique, ou bien dans une suite d'articles, de raconter en la contextualisant, la vie d'un ancêtre, d'un collatéral, d'une famille, voire même d'un village ou d'une paroisse.


Devenez membre du site, pour suivre les "Récit-de-vie".

Vous pourrez ainsi commentez et échanger avec les autres membres du site... et encourager l'auteur de ce site

  • En quelques clics, en haut de toutes les pages du site, suivre les instructions :

Devenir membre

2 commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note

Un article émouvant, la perte d'un adolescent représente l'impensable, en raison des progrès de la médecine. On mesure l'écart entre les mondes, avant le XXe siècle et après !

J'aime
En réponse à

En effet. Malheureusement, en l'état, je n'arrive pas à trouver la cause du décès.

J'aime
bottom of page