Emma, quelques jours après l’inhumation de l’épouse de son parrain, Armand Klein, lui a adressé un courrier proposant de le soutenir, lui qui désormais se retrouve seul. Armand, quant à lui, est parti faire un tour de ses nombreux amis en province, auprès de qui il retrouve un peu de réconfort. L’occasion, aussi, de faire un point sur sa vie et son avenir. Lire ou relire l'épisode précédent en cliquant ici ou bien relire la série depuis le premier épisode en cliquant ici.
Nous savons, maintenant, qu’Armand a bien reçu le courrier d’Emma et qu'ils ont eu un échange épistolaire entre la fin de printemps et le début d’été. Ils ont même certainement envisagé, quelle qu’en soit la nature, un avenir commun. Emma s’en est ouverte à sa mère, c’est sûr, mais soucieuse de prendre des conseils, à d’autres qu’elle peut-être.
Leurs projets n’ont en tout cas pas tardé à susciter des jalousies. Armance Martin, dont la fille est également une des filleules d’Armand, s’envisageait certainement un avenir avec lui. Âgée de 62 ans et veuve depuis maintenant 13 ans, elle lui a exprimé sa jalousie à l’égard de sa nièce. Armand en a informé Emma par courrier. Il lui a également fait part de la désapprobation quant à leurs projets d’une cousine germaine d’Emma, Louise Martineau, fleuriste à Paris. Ni la tante, ni la cousine ne s’en sont ouvertes, à ce stade, directement à Emma qui tombe des nues.
Celle-ci en est toute bouleversée et ne comprend ni la jalousie de sa tante ni la désapprobation de sa cousine : « Je me demande pourquoi ma tante est jalouse et pourquoi Louise viendrait-elle me demander des explications au sujet de nos intentions. Cela ne regarde que vous et moi, je suppose que vous êtes libre et indépendant. »
Dans ce courrier du 3 août, qu'Emma rédige en présence de sa mère, elle implore Armand de venir parler de tout cela aux Bas-Buissons, de vive voix : « Nous avons résolu que vous veniez pour nous expliquer, car sur une lettre on ne peut pas dire ce que l'on pense, donc cette semaine, ne fut-ce qu'un seul jour, je vous en prie, venez par un train du soir, j'irai vous chercher à la gare. [-] Je vous en prie, venez, car je suis trop inquiète et trop malheureuse. »
Armand ne pourra faire le déplacement à Dreux immédiatement, il vient de recevoir une invitation de la famille de son ancien associé Monniot à venir passer quelques jours à Gif-sur-Yvette : « Nous vous attendrons le 15 en même temps tant qu’Amélie. J'espère que vous êtes en bonne santé et dans l'espoir de vous voir bientôt, nous vous embrassons ici tous petits et grands bien affectueusement. Signé Antonia Monniot. » Il accepte et, sûrement, en profitera pour échanger avec ses amis et recueillir leur avis sur sa situation et ses projets.
La tante Elisa (mère de la cousine Louise qui a signifié sa désapprobation) vient rencontrer sa nièce à son travail pour la mettre en garde : « Hier, j’ai eu la visite de ma tante Élisa, écrit Emma. Elle est venue me voir à l’atelier, nous avons causé pas mal de temps ensemble, elle était bien calme. » Il n’empêche qu’à cette occasion, elle lui dit « pis que pendre » d’Armand en des termes qu’Emma n’ose répéter dans le courrier qu’elle lui adresse le 14 aout. La tante « ne [veut] pas que j’aille à Paris avec vous. » Certainement, donc, Armand, ne souhaitant pas quitter sa vie parisienne, avait proposé à Emma de venir s’installer à Paris auprès de lui. Dans son intervention, outre les propos désagréables à propos d’Armand que nous ne savons décrypter, la tante souhaitait sans doute rappeler Emma à son devoir de fille, rester auprès de sa mère.
Perturbée par les propos de sa tante, Emma imagine une autre solution que ce qu’ils avaient envisagé : « Je prendrai le fond de commerce à maman et vous viendrez habiter la maison que nous avons louée. Cela ne vous empêcherait pas d'aller à Paris passer le temps que vous voudrez chez vos amis, comme ça l'on ne pourra rien vous dire. » Ainsi, dit Emma, soucieuse de son dévouement tant à l’égard de sa mère que de son parrain : « Je pourrais vous soigner tous les deux. » Et elle termine en ces termes : « Une filleule qui vous aime malgré tout. »…
Armand peut maintenant répondre à la sollicitation d’Emma et vient passer une journée à Dreux. Il échange avec elle et sa mère, avant de repartir à Paris au train du soir auquel Emma le raccompagne. Cette visite et ces échanges permettent à chacun de clarifier les choses et à tous de se rassurer. Emma restera à Dreux, Armand viendra s’y installer tout en continuant de passer du temps à Paris pour ses engagements et pour maintenir sa relation avec ses amis.
Dans un nouveau courrier du 17 août, Emma réaffirme ainsi leur projet : « Il ne faut rien changer à ce qui est convenu. [-] Je viens de voir la maison, ce n'est pas mal. Nous serons bien. Ça va être gentil quand cela va être aménagé. Je déménagerai dimanche 31. » Manifestement, Emma et Armand ont décidé de s’installer dans une maison à Dreux et ce dernier conservera un pied à terre à Paris, partageant ainsi sa vie entre ces deux lieux.
La filleule rassure son parrain quant aux propos qu’à pu tenir sa tante Élisa : « Que de mauvaises choses elle m'a dites [-] pour que je ne me fie pas à vous. Mais croyez que vous n'avez pas démérité pour cela à mon égard, je vous crois sincère et j'ai mis toute ma confiance en vous. [-] Plus rien à vous dire pour le moment, que le temps passe pour nous revoir. En attendant, recevez de votre filleule les plus sincères baisers. Emma. »
Chacun est maintenant tranquillisé, Armand peut prendre son temps pour régler ses affaires à Paris. Il va se libérer, dès que possible, de son logement du 60 rue St André des Arts, pour en rechercher un autre pied-à-terre plus petit. Emma, quant à elle, peut retrouver plus de sérénité : sa mère, ses frères et sœurs et la majorité de ses cousines et cousins la soutiennent : « Tout le monde vous dit bonjour. »
Le Récit-de-vie
Il s'agit, dans un article unique, ou bien dans une suite d'articles, de raconter en la contextualisant, la vie d'un ancêtre, d'un collatéral, d'une famille, voire même d'un village ou d'une paroisse.
Devenez membre du site, pour suivre les "Récit-de-vie".
Vous pourrez ainsi commentez et échanger avec les autres membres du site... et encourager l'auteur de ce site
En quelques clics, en haut de toutes les pages du site, suivre les instructions :
Il était convoité cet homme !
Marina
Décidément, un vrai roman à la Delly plein de rebondissements... et les familles de cette époque n'avaient rien à envier à nos familles... J'attends la suite avec impatience...