top of page
Photo du rédacteurAlain THIREL-DAILLY

Récit de vie : Emma Martin (4) - Un mariage et un enterrement.

Le 24 septembre 1901, Édouard Dageon est promu soldat de première classe et enfin libéré de ses obligations militaires. Lire ou relire l'épisode précédent en cliquant ici ou bien relire la série depuis le premier épisode en cliquant ici.

Les amoureux réunis ne traînent pas, et avec l’accord de leurs familles, douze jours après le retour d’Édouard, ils publient les bans ! Les préparatifs vont bon train, les invitations sont lancées et les témoins désignés. Le mariage aura lieu à la Mairie de Dreux et en l’église Saint-Pierre.

Le grand jour est fixé au 26 octobre 1901. Édouard, 24 ans, et Emma, 22, donnent devant le maire leur consentement en présence et avec l’accord de leurs parents respectifs ; les familles se connaissent maintenant depuis suffisamment longtemps et attendaient, elles aussi, cette union. Constant Pasdeloup, oncle maternel, et Ernest Touzé, petit-cousin, sont choisis comme témoins du futur, quand le sont, pour Emma, Armand Klein, son parrain, et Alfred Godeau, son oncle maternel par alliance.

Un couple de mariés en 1901 à Dreux

Après la célébration, le samedi à 11 h 30, les familles et invités se retouvent pour les festivités au café des parents Martin, au hameau des Bas-Buissons et se poursuivent tard dans la soirée. Émile Martin est doublement heureux de marier sa fille et de retrouver son ami de jeunesse Armand Klein, qui a accepté d’être témoin de l’union.

Extrait d'un acte de mariage 1901 - Sigantures

Édouard Dageon, le jeune époux, reprend vite son travail de charpentier, dans l’entreprise de son père, au faubourg Saint-Thibault à Vernouillet, et Emma quitte Firmin-Didot, au Mesnil-sur-l’Estrée, pour embaucher à l’Imprimerie Achard, à Dreux. Ensemble, ils résident à proximité des parents de l’époux et des ateliers de charpente.

Un an à peine après le mariage, Emma attend un heureux événement. Elle travaille aussi longtemps qu’elle le peut avant l’accouchement. Louis Édouard Armand Émile vient au monde le 16 avril 1903. C’est un « gros bébé » qui porte en second, troisième et quatrième prénoms, ceux de son père et de ses grands-pères. Le premier prénom a été choisi par Emma, en hommage à son parrain, Louis Klein, l’ami de son père. Le « petit Louis », comme l’appelle sa mère, se porte à merveille.


Les parents de l’époux, avançant en âge, revendent leur maison de Vernouillet et viennent s’installer au 28 de la rue du Val-Gelé, à Dreux, actuelle rue du Bois-Sabot. Ils y font l’acquisition d’un petit ensemble immobilier qui permet de loger, chacun dans un appartement différent, quatre générations de Dageon. La vie sera ainsi plus facile, conciliant l’intimité et l’unité familiale.

La vie se présente sous de bons hospices pour le couple, chacun disposant d’une belle situation professionnelle dans des métiers qu’ils ont choisis. Édouard a vocation à prendre la succession de son père à la tête de l’entreprise de charpente qui prospère. Emma, quant à elle, est reconnue pour ses qualités professionnelles et elle contribue, par ses revenus, à la prospérité du foyer. Typographe de formation, elle élargit son champ de compétences et devient même correctrice. L’heure de l’école n’est pas encore venue pour Louis, leur fils, mais celui-ci est entouré et s’épanouit bien. Il a besoin de grand air, de se dépenser, et ne manque pas de sollicitations avec ses oncles et tantes qui le prennent en charge pour qu’il joue avec ses cousines et cousins.

Des femmes typographes prennent la pose à Dreux 28

Pourtant, Édouard montre des petits problèmes de santé qui commencent à l’affecter. De mauvais rhumes mal soignés, pense-t-on, lui qui vit au grand air, par tous les temps. On ne s’inquiète pas plus que cela, on en a vu d’autres ! Pourtant, les toux deviennent de plus en plus fréquentes et des épisodes de fièvres surviennent même.

Pose chez Touvay, photographe à Dreux, début années 1900

Comme tous les hommes, Édouard doit effectuer des périodes de réserve, après le service militaire. C’est ainsi qu’il est amené à passer devant la Commission de réforme, en mars 1904. Le verdict tombe brutalement et la surprise est grande : « bacillose pulmonaire [autrement dit une tuberculose] et une endocardite ». Armand est immédiatement réformé, de crainte certainement qu’il ne contamine ses camarades réservistes.

De retour chez lui, il continue pourtant d’exercer, au moins tant qu’il le peut, avec son père. On ne va pas s’arrêter comme ça. Emma, au domicile, prend les précautions d’hygiène qu’on lui indique pour protéger la famille devant cette maladie infectieuse encore mal connue. Est-elle amenée à éloigner son fils en le confiant aux grands-parents, nous ne le savons pas. Même s’il réussit à tenir comme cela encore deux ans, la santé d’Édouard, comme on pouvait le craindre, décline régulièrement malgré les soins prodigués. Il faut dire qu’à l’époque, nous sommes loin des vaccins et des traitements de la tuberculose.

Le mari d’Emma ne profitera pas longtemps de l’appartement qu’il a emménagé avec son épouse et ne verra pas leur fils grandir. Le 21 décembre 1906, il décède à son domicile, âgé de 29 ans. C’est son père et son oncle maternel qui déclarent le décès. L’inhumation a lieu dans le cimetière de Billy, à Dreux, après que la famille y ait acquis une concession à perpétuité (aujourd’hui encore existante et entretenue).

Plaque funéraire cimetière de Billy Dreux 28

Emma, 27 ans, se retrouve veuve avec un fils âgé de 3 ans et demi. Heureusement, ses relations avec ses beaux-parents sont excellentes, et ses parents sont également proches d’elle. Tous la soutiendront, c’est certain. Elle continue de disposer de son logement, a un bon emploi et reçoit l’aide des deux grands-mères qui s’occupent du « petit Louis » tant que celui-ci ne va pas à l’école. Personne dans la famille ne contractera, fort heureusement, la terrible maladie.

Enfant pose chez le photographe

Louis grandit bien et développe une relation forte avec ses deux grands-pères, et particulièrement avec Armand Dageon, dont il est le plus proche. L’aïeul paternel, la soixantaine, est encore en bonne forme et exerce toujours comme charpentier, alors qu’il aurait souhaité passer la main avant la mort de son fils. L’ensemble immobilier où vivent les quatre générations dispose d’une grande cour, devant l’atelier et la grange où sont entreposées les billes de bois. Le petit-fils joue en sécurité sous le regard des adultes, et souvent, même, se mêle à leurs travaux.

Charpentiers à Dreux 28

Comment Emma va-t-elle vivre ce veuvage, élever son fils, s’occuper de ses parents et beaux-parents qui n’ont pas d’autres enfants. Se remariera-t-elle ou leur restera-t-elle entièrement dévouée ?

 
Le Récit-de-vie

Il s'agit, dans un article unique, ou bien dans une suite d'articles, de raconter en la contextualisant, la vie d'un ancêtre, d'un collatéral, d'une famille, voire même d'un village ou d'une paroisse.


Devenez membre du site, pour suivre les "Récit-de-vie".

Vous pourrez ainsi commentez et échanger avec les autres membres du site... et encourager l'auteur de ce site

  • En quelques clics, en haut de toutes les pages du site, suivre les instructions :

Devenir membre

3 Kommentare

Mit 0 von 5 Sternen bewertet.
Noch keine Ratings

Rating hinzufügen
Gast
13. Okt.
Mit 5 von 5 Sternen bewertet.

La richesse de la documentation est incroyable! Et c'est bien écrit!

Gefällt mir

Mit 5 von 5 Sternen bewertet.

Quelle richesse d'informations, le tout bien écrit !

Gefällt mir
Antwort an

merci beaucoup, Dominique, j'ai beaucoup de matière, et j'essaie d'être le moins "indigeste" possible ;-)

Bon WE (nous ça sera Portes-Ouvertes des Ateliers d'Artistes POAA)

Gefällt mir
bottom of page