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Photo du rédacteurAlain THIREL-DAILLY

Récit-de-vie : Jules DAILLY (1873-1915). Épisode (2).

Dans le première épisode du « Récit-de-vie » consacré à Jules DAILLY, à consulter en cliquant ici si vous ne l'avez pas lu.... Après l'appel de mobilisation d'août 1914 le Conseil de révision l'a reconnu apte le 7 décembre 1914. Il est affecté au 4ème régiment de marche de zouaves et arrive au corps, sans que nous connaissions le lieu exact de son incorporation, le 15 mars 1915.

Nous le retrouvons au début du mois de mai sur le front ouest. Dans les troupes françaises, sous les ordres du Général d’Urbal, on compte 7 corps et 3 divisions d’infanterie, 4 régiments d’artillerie et, sans plus de précisions, « des zouaves », formulation qui témoigne du peu d’intérêt qui leur est porté. Il est d’ailleurs difficile de « tracer » leur parcours tant les JMO - Journaux des marches et opérations - de ces régiments de zouaves sont mal tenus.

Les collines de Notre-Dame de Lorette, qui dominent d’une centaine de mètres toute la plaine de la Gohelle, sont une hauteur stratégique que les deux armées, française et allemande, se disputent âprement depuis le début de la guerre.

Jules est engagé dans ces combats au sein du 4ème Régiment de Marche de Zouaves, sous le matricule n° 0622, dans le « labyrinthe » secteur de tranchées inextricables situé entre Neuville-Saint-Vaast et Ecurie, dans le Pas-de-Calais.

Le 9 mai, les troupes françaises «enfoncent» d’un seul bond toutes les organisations ennemies. Le 22 mai, le plateau de Notre-Dame-de-Lorette est repris.

Le 25 mai Jules est engagé dans les combats à Angres. Le communiqué officiel du Ministère de la guerre du lendemain indique : « Les échecs subis hier par l’ennemi, dans la région d’Angres et au nord du massif de Lorette, ont déterminé, de sa part, une réaction extrêmement violente. »

Communiqué du Ministère de la guerre le 26 mai 1915

Si ce communiqué indique que « toutes les nouvelles positions, grâce au courage et à la ténacité de nos troupes, ont été tenues », il ne précise bien évidemment pas à quel prix cela a été possible… Cette bataille d’Artois, pour ne prendre qu'elle, a causé 102.500 morts ou blessés français et 27.800 britanniques. Côté allemand le bilan est de 65.000 morts, blessés ou disparus et 8.000 prisonniers.

Jules ne verra pas l’arrêt des opérations décrété par le Général d’Urbal, commandant la 10ème armée, le 25 juin 1915.

En effet il est, dans un premier temps «porté disparu» le 25 mai 1915, sur le plateau d’Angres, selon avis officiel du Ministère de la Guerre du 4 juillet 1915.

Jules DAILLY, mort pour la France

Il est ensuite déclaré « tué à l’ennemi», son décès est constaté et il est inhumé le 3 mars 1918 au cimetière de la Sucrerie d’Ablain-Saint-Nazaire, selon avis du Ministère de la Guerre n°30.896 du 28 janvier 1919. Il est, enfin, déclaré « mort pour la France » par jugement du 21 janvier 1921 aux Andelys. Le "Livre d'Or des Pensions" de la Commune d’Amfreville-les-Champs fait mention de Jules et de 3 camarades de sa commune décédés comme lui durant le conflit.


Mémorial Notre Dame de Lorette

Le nom de Jules DAILLY est bien porté sur l’anneau de mémoire érigé en 2014, à l’occasion du centenaire, au sein de la Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette. Mais, à notre surprise, voulant nous rendre sur sa sépulture au cimetière de la Sucrerie d’Ablain-Saint-Nazaire, nous constatons que ce cimetière a laissé place au cimetière des soldats du Commonwealth. Les services du Mémorial nous indiquent qu’il est possible que Jules DAILLY repose désormais en tant que soldat inconnu au sein de l’un des ossuaires de la nécropole. Nous ne nous satisfaisons pas de cette réponse et nous adressons à la Garde d’Honneur de la dite Nécropole qui tient un registre des 20.000 tombes et 42.000 soldats qui y reposent.

Jules, Désiré, Victor, mort pour la France le 25 mai 1915, repose en paix dans le carré 40, 7ème rang, tombe 7960. Mais seul son deuxième prénom y est mentionné, d'où la méprise.

 
Une anecdote au bénéfice de cet article :

Pour conclure cette série de trois articles, laissez-moi vous raconter l’histoire d’un de mes petits-fils, « curieux » dans le bon sens du terme, histoire qui m’a touché.

Se préparant à une sortie scolaire au mémorial avec sa classe de CM2 il y a quelques mois, il s’est souvenu avoir lu une ébauche de cet article et, avant la visite, il a souhaité connaître l’emplacement de la sépulture de son ancêtre. Au cours de la visite, son professeur des écoles a repéré qu’Antonin scrutait une à une les tombes devant lesquelles il passait en consultant un petit papier. Il y en a, rappelons-le, plus de 20.000 ! C’est ainsi que le maître a découvert qu’un de ses élèves était à la recherche d’un ancêtre disparu et, avec son groupe, ils ont pu l’aider à retrouver et à saluer la mémoire de l’ancêtre « mort pour la France ».


Nécropole Notre-Dame-de-Lorette


5 Comments

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Guest
Mar 10

Bravo pour cet épisode, bien écrit et émouvant.... bises à la famille..

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Guest
Mar 09
Rated 5 out of 5 stars.

Récits très émouvants sur la vie de votre ancêtre, et ce qui m'a fait couler quelques larmes, c'est l'initiative de la recherche de la tombe de Désiré et la photo d'Antonin devant la tombe de son ancêtre soldat Mort pour la France. C'est très beau, il s'en souviendra toute sa vie. Merci de votre récit. Irène de Toulouse.

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Merci, Antonin !

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